L’ Assassin

L’ Assassin

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C'est l'histoire d'Alfredo Martelli, un jeune et bel arriviste, pas très regardant sur la provenance de la marchandise qu'il vend dans sa boutique d'antiquités romaine (et qu'on imagine sans peine se livrant à l'abus de confiance pour alimenter son négoce). Aussi quand il est arrêté et emmené à la questure, a-t-il des raisons d'imaginer que c'est pour quelque indélicatesse dont il se sait coupable. Mais, après l'avoir fait mariner un grand moment dans un petit salon muni d'une glace sans tain, le commissaire Palombo lui apprend qu'il est soupçonné de l'assassinat de son associée et ancienne (ou toujours ?) maîtresse, la riche Adalgisa De Matteis. Commencent alors 24 h très éprouvantes pour Alfredo, innocent du crime, mais tellement peu reluisant dans sa vie courante ! Il restera "L'Assassin", même lavé de tout soupçon, et quand le film s'achève (épilogue un an après), force est de constater qu'il n'a pas su tirer les leçons de cette expérience pour s'amender ! Ce premier « long » de Petri ressort opportunément (en copie restaurée) après une sortie confidentielle en 1961. En rapprochant cet « Assassin » des « Jours comptés » sorti en avril dernier, on a une vision éclairante de la première manière du cinéaste (avant les films engagés, comme « La classe ouvrière va au Paradis »), « néo-réaliste » dans la forme encore (son maître est Giuseppe De Santis), mais déjà très personnelle dans les thèmes abordés : ici, critique acerbe des institutions, avec la confrontation kafkaïenne du héros avec la police – le deuxième aspect du film renvoyant à l’étude de mœurs pénétrante (Alfredo revoit les épisodes marquants de sa vie, alors qu’il est enfermé à la questure). Marcello Mastroianni fait une très belle composition en Alfredo innocent mais coupable (veulerie et mauvaises actions diverses), et la distribution est soignée (même les petits rôles). Seule Micheline Presle en maîtresse assassinée, qui s’essayait en Merteuil (elle voulait « caser » Alfredo/Valmont au petit pied auprès de la jeune, riche et sotte Nicoletta) déçoit (actrice française imposée par la coproduction, elle est doublée et cela se voit).