Jules César

Jules César

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Le théâtre survole constamment ce film. Le film tente de se situer dans la Rome de la fin de la démocratie, et essaye de nous vendre ses rues, ses temples, ses sénats, ses champs, ses camps, etc. Mais c'est un emballage bien pauvre.. Nous ne sommes pas dans la Rome antique 60
ans avant J.C, mais dans des décors de carton pâte, et cela se voit à tout moment. Evidemment le créateur de l'œuvre, Shakespeare l'a conçu comme ça. Il a utilisé des décors de carton pâte pour disséquer parfaitement l'être humain, Mankiewitz fait pareil. Personnellement ce n'est pas ce que j'attends du cinéma. La pièce a 400 ans passés ,on est au cinéma : il n'y aurait eu aucun mal à proposer du cinéma et non du théâtre filmé assez platement. La mise en scène de Mankiewicz disparaît, elle n'existe pas. Le film est trop corseté par le texte shakespearien, il ne donne pas le sentiment de liberté qu'aurait pu ajouter le cinéma, au contraire, tout y est très rigide ;
Mankiewicz adapte cet histoire sur sur le pouvoir, en insistant et là c'est une qualité non pas sur comment un homme peut être détruit par lui même, mais comment les masses peuvent être utilisées pour l'obtenir sa destruction. en cela le film est plus clair que son remake avec Charlton Heston. Comme le voulait Shakespeare les deux moments forts de son histoire ce sont les deux discours successifs de Brutus et de Marc Antoine. Tout d'abord Celui de James Mason (Brutus): utiliser le langage à bon escient pour transmettre son message, un message honnête et sincère de préoccupation pour l'état du pays. Malgré l'utilisation d'astuces pour guider les auditeurs sur la route, la raison en est légitime. Et le but est momentanément atteint: les convaincre qu'il a raison. Un bon manipulateur (et au passage Mason montre quel grand acteur il est dominant largement le jeu Brando dans ce film) Justement vient ensuite le discours de Marc Antoine (brando pas joli dans cette tenue romaine) Il utilise et retourne le discours que Brutus vient de prononcer, utilise désormais un langage adulateur qui semble s'accorder avec le précédent tout en lançant de petites railleries qui préparent le public de la plèbe romaine pour mieux la retourner. Quand il la sent prête Marc Antoine à coups d'effet, de fausses promesses, de spectacle fait ce qu'il veut de la foule non seulement pour ne pas lui laisser la liberté de choisir ce qu'elle doit penser, mais pour l'entraîner exactement là où le "politique" le veut. Et ce qu'il veut, c'est le pouvoir, la guerre et l'anéantissement des rivaux. Un grand manipulateur que ce Marc Antoine. c'est évidemment lui qui entraîne l'adhésion de la foule. Et voilà ce que Shakespeare raconte dans ce Jules César et que Mankievitz parvient à bien faire ressentir, depuis la nuit des temps, l'honnêteté et la sincérité ne se sont jamais gagnantes, au contraire le spectacle du morbide et les feux d'artifice rhétoriques galvanisent les foules. Un discours tout à fait d'actualité en ce moment.... Ainsi, en utilisant un faux emballage théâtral (que personnellement je regrette), Mankiewicz, Shakespare ou les deux, nous assènent un message choquant pourtant lucide et véridique. Le héros de cet histoire c'est bien Brutus qui est trop honnête pour fuir ses responsabilités et trop honnête pour les enjoliver puisqu'elles sont terribles mais justes.. Et non l'honnêteté en politique ça ne payait déjà pas chez les romains.

Pas mal

Chef d'oeuvre ! Veni Vidi Vici