Les Amants diaboliques

Les Amants diaboliques

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Un défi à la bienpensance mussolinienne, le premier acte du néo-réalisme.
Avant d'explorer les turpitudes des classes nanties, Visconti nous montre la joie de vivre et l'exubérance du petit peuple italien.

Sans doute la "version restaurée" la plus indigne présentée au cinéma ces dernières années... Je comprends que cela puisse s'expliquer en partie par l'histoire troublée des négatifs, mais une copie en 35 mm aurait tout aussi bien fait l'affaire pour cette "ressortie". On passe allègrement de plans remastérisés à d'autres conservés dans leur jus et pire que tout, certaines scènes sont carrément désynchronisées ! Un comble à l'ère du numérique...

On comprend que cette oeuvre (qui faillit être totalement détruite !) ait été malmenée à sa sortie en 1942 pour mille raisons (et notamment à cause de son doublon américain adapté du même roman).Troublant aussi de savoir que Mussolini en était fou au point de l'avoir sauvée de la censure italienne... Visconti, 35 ans, ex assistant réalisateur de Jean Renoir, se devine déjà dans son envie de montrer l'indicible, pour peu qu'une bonne histoire en offre l'occasion. Profondeurs de champs précédant des descentes "en piqué" sur la campagne au ras de cette auberge ou lancée dans cette côte de tous les départs, c'est un splendide noir et blanc où s'ébrouent cinq personnages de rêve : le mari (un genre de Galabru italien) et sa femme (fatale-vénale), le vagabond nonchalant mais tenté par la douceur d'un nid et monsieur le curé, garant de la morale communautaire. Pour pimenter un peu, cet inconnu se portant garant dans le train... Des scènes croustillantes pour un dénouement d'une double cruauté.