L'Année dernière à Marienbad

L'Année dernière à Marienbad

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Film phare de la radicalité cinématographique des années soixantes, “L'année dernière à Marienbad", n’a en rien perdu, en ce début de 21ème siècle, de son caractère hypnotique et envoûtant. Équivalent, pour le cinéma, de l'expression littéraire propre au Nouveau roman, le film se déconstruit en une myriade de sensations qui s'ajoutent ou se retranchent au gré de la multitude des différentes interprétations possibles, jusqu'au vertige. S'agit-il d'un rêve, d'un songe, d'un fantasme ? S'agit-il d'exprimer l'évanescence du souvenir, et de sa perpétuelle reconstruction inconsciente ? Pour peu qu'il accepte de se laisser conduire sans contrainte, le spectateur éprouvera le plus grand plaisir à s'interroger sur le sens des images troublantes, que Resnais lui propose, sans résolution définitive.
J'ai, pour ma part, en revoyant le film, pensé à Stanley Kubrick et aux déambulations dans l'hôtel Overlook, ou à celles dans le vaisseau spatial de 2001. J'ai surtout repensé à la scène finale du même 2001, dans laquelle Bowman, comme hors du temps, se voyait aux différents âges de sa vie. J'ai pensé au foetus dans l'espace. Dans un genre différent mais aux résonances existentielles comparables, j’ai aussi pensé, étrangement, à la fin de AI, que Kubrick, toujours lui, souhaitait réaliser, avant que son ami Spielberg ne reprenne le projet. J'ai imaginé alors que le film de Resnais, lui aussi hors du temps, pouvait être vu comme une description, celle de la tentative, par une entité du futur, de rassembler des “fragments” du “discours amoureux” de notre lointaine humanité disparue. Un travail d'archéologie qui exhumerait les passions humaines, en quelque sorte. Qui chercherait à les comprendre sans savoir par où commencer.
Pour le dire autrement, je pense que la force du film tient au fait qu’il nous laisse libre de l'interpréter en fonction de ce que nous sommes : en tant qu'amoureux du cinéma, j’y vois des liens avec des films que j'aime. Et ces liens nourrissent ma réflexion sur le sens du film.

Le pire film de toute ma vie.
(Voir ma critique)