Querelle

Querelle

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Un univers particulier, presque onirique où les époques semblent se mélanger entre tragédie baroque et contemporaine. un théâtre filmé, aux décors étudiés mais grossiers et aux couleurs châtoyantes. Difficile d'adhérer à cette lourde association du désir plastique et érotique pour l'homme et de la facilité du crime. De même que la narration au ton monocorde en monologues diffus, tout est maniéré en plus d'être obscène. En somme, rien ne sonne réaliste.

Indispensable de se pencher sur la trajectoire de Jean Genet pour pouvoir supporter le sordide global (enfant de l'assistance publique au parcours heurté faute de repères fiables, l'écriture lui permit de renaître). D'autant que Fassbinder n'épargne rien de la complexité de "Querelle de Brest", en martelant bien d'entrée de jeu (voix-off) que les marins flirtent avec la mort. Il est souvent fait allusion aussi (un peu trop ?) au "calibre qui vous situe son homme". Nombreux éclairs pornographiques, pour arriver à une scène très crue, amenée comme une torture mais qui se solde par un bonheur fugace. Car le plaisir doit être douleur ici, le couteau prenant la relève du sexe. Très frustrant pour les spectatrices, heureusement, le dénouement apporte un peu d'espoir en rétablissant l'équilibre !De belles lumières jaune orangé, parfois écarlates. Tout tourne d'un décor à l'autre, comme au théâtre, une fois le bordel, l'autre fois le bateau, avec une caméra qui balaie large, comme un mirador. Un film un peu sinistre quand même...