Vendredi soir

Vendredi soir

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L'envoûtement bien réel et immédiat entre ces voitures filmées très finement dans leur façon de cahoter entre chien et loup peut rappeler des fulgurances avec l'inconnu d'un soir qui sommeille en chaque femme... Alors, était-ce du temps de l'autostop pour aller au bal ou en revenir ? Ou bien après avoir dansé, sans même échanger une parole ? Serait-ce encore possible depuis 2002 de se laisser aller ainsi dans une parenthèse tacite parce que, dans le cadre d'une grève générale où chacun(e) chamboule ses programmes en toute liberté, tout simplement on se plaît ? Autant de questions que Claire Denis invite à se poser. Certes, on peut toujours dire "c'est rien que du c... finalement". Sauf que la dame filme différemment, avec plus de tendresse que les as du porno, tellement plus de finesse, ces yeux interrrogateurs, cette petite poursuite entendue. Elle filme son duo d'acteurs comme des rescapés des temps modernes. Ils ne se doivent rien. Ainsi, j'ai trouvé adorable qu'il soit encore un peu endormi au petit matin, et pourtant toujours aussi câlin, à cent lieues de ces prédateurs repus reprenant pied avec le bassement matériel. Pas étonnant qu'elle se sente soudain légère, pleine de forces nouvelles ! Un bien joli moment !